Simulation, bataille de Kalach, 27 juillet 1942 à 0h
Actualités mondiales & françaises(Reconstitution historique)
Cote 165 : analyse tactique préalable

0h, 15 °C, beau temps.
Nous déployons l'essentiel du dispositif sur le flanc sud du relief afin de nous protéger d'une vue directe de l'ennemi. Au sud-ouest, en cote 146, où la vue est plus profonde sur le territoire adverse, nous déployons un observateur d'artillerie qui fera tirer des obus éclairants et nous renseignera sur ce qu'il identifie en face. Il n'a pas de communications radio avec sa batterie de 4 canons de 76.2, donc il envoie une estafette porter les coordonnées de tirs planifiés. A ses côtés se trouvent une batterie de 4 mortiers et une batterie de 3 mortiers de 82 mm chacun.
Plus à couvert vers le sud, nous déployons l'infanterie, jusqu'au sud-est. L'essentiel se déploie au sud et sud-ouest. En cote 159 au sud-est, se déploie une autre batterie de 4 mortiers de 82.
Derrière l'infanterie se trouvent les blindés : 3 APC anglais Universal Carrier en cote 147, 10 T-70 et 3 T-34 en poursuivant vers l'ouest et 10 T-60 au sud de la cote 159.
Nous allons commencer par observer ce qu'on peut voir en face, puis nous enverrons l'infanterie s'infiltrer. Si la voie est libre pour les blindés c'est-à-dire en cas d'absence d'équipements antichars, les chars légers, en priorité les T-60, appuieront l'infanterie. En cas de présence d'équipements antichars, nous aviserons.
Le secteur est secondaire, nous pensons que l'ennemi est plus faible ici et nous n'avons aucun impératif de résultat. Mieux vaut préserver les troupes que de les envoyer au massacre. Au pire, même une retraite n'est pas fondamentalement gênante, donc nous sommes détendus.
Cote 165 : compte-rendu d'après-bataille
Nous pouvons dire que nous avons essuyé une défaite en règle. Notre puissance de feu était bien trop faible face à l'ennemi, et nous avons tenté un coup de force que nous savions dès le départ être voué à l’échec. Nous avons donc été remis à notre place.
Au début, tout était calme dans ce secteur qui n'avait jamais connu les combats. Comme prévu, nous avons tiré nos obus éclairants, ce qui nous a permis de distinguer des positions retranchées, notamment des blindés à roues Sdkfz-232 et des véhicules d'infanterie, notamment des mortiers autopropulsés. Nos mortiers ont ouvert le feu sur ces positions, ce qui a déclenché une riposte extrêmement dense, au point que les servants de nos mortiers ont dû battre en retraite. Cela nous a toutefois permis de repérer la présence de canons, vraisemblablement des pièces de 50 mm, installées au centre du dispositif ennemi – une menace sérieuse, même pour nos T-34.
Ne disposant pas de liaisons radio avec notre artillerie, et estimant que l’ennemi paraissait relativement faible, je décidai d'envoyer nos 200 hommes d'infanterie neutraliser ces canons afin de pouvoir engager nos chars pour détruire les véhicules ennemis. Pour éviter d'attaquer de front à travers les lignes défensives, je choisis de contourner par l'ouest, ce qui permettrait d'accéder directement aux arrières de l'ennemi, son flanc ouest et son nord semblant alors dégarnis.
Les difficultés se maintinrent car l'ennemi ne cessa d’arroser nos lignes d’un feu nourri de mitrailleuses, d'obus HE de 20 mm tirés par ses Sdkfz-232 et de tirs des mortiers autopropulsés. Cela eut pour effet d’éroder le moral, la motivation et la rapidité de nos troupes, même si elles ne subirent alors aucune perte. Une fois nos troupes rassemblées au sud-ouest en cote 147, je les fis progresser vers l’ouest via la cote 146, d’où elles devaient attaquer le centre, en contournant la rangée de véhicules ennemis plus au sud. C’est à ce moment que commencèrent les vraies difficultés.
L’ennemi avait repéré notre mouvement et réagit rapidement. Il y eut d'abord un remue-ménage désordonné en première ligne, mais surtout, nous distinguâmes un autre groupe important de blindés Sdkfz-232 dans les arrières ennemis, au nord, qui se dirigea vers le nord-ouest accompagné d’infanterie, vraisemblablement pour intercepter notre groupe. Il faut dire que prendre le nord-ouest était également une option qui nous effleurait, en constatant combien il serait difficile d’attaquer les canons de 50 mm : cela nous aurait permis de rester plus à l'écart et de prendre sereinement un peu de terrain supplémentaire, tout en abandonnant notre ambition offensive.
Les blindés ennemis se déplaçaient rapidement et nous n’avions pas encore atteint l’ouest. La question se posa alors : comment défendre notre groupe d’infanterie bientôt menacé de tirs croisés depuis le nord-ouest et le centre ? Envoyer nos blindés vers l’ouest était impossible, les canons de 50 mm couvrant cette zone. Au lieu d’abandonner cette entreprise irréfléchie, décision que nous savions devoir regretter, nous avons choisi de persister, et voici le raisonnement :
L’ennemi paraissait envoyer ses forces au nord-ouest et à l’ouest, laissant son flanc sud et sud-est relativement dégarnis. Nous pouvions donc tenter d’engager massivement nos blindés directement de front, pour neutraliser les deux canons de 50 mm, puis anéantir les véhicules d’infanterie ennemis. Les blindés situés au sud-ouest pourraient alors affronter les Sdkfz-232 qui menaçaient notre infanterie depuis le nord-ouest et soutenir celle-ci dans la prise de l'intégralité des positions ennemies : soyons optimistes !
Ce raisonnement était gravement défectueux, car il revenait à sacrifier sciemment un nombre non négligeable de nos chars en comptant sur la supériorité numérique pour gagner, alors que la visibilité était nulle, que l'ennemi, retranché, camouflé et immobile, bénéficiait de conditions idéales pour des tirs de précision sur des cibles en mouvement, donc plus vulnérables. De plus, nos blindés devaient tirer en mouvement, ce qui compliquait leur précision, et s’ils s’arrêtaient, ils devenaient des cibles encore plus faciles. Néanmoins, avec 23 blindés face à 2 canons de 50 mm, j’estimai que des pertes étaient acceptables, car une fois ces canons détruits, nous pourrions infliger une lourde défaite à l’ennemi.
Le problème restait que les canons de 20 mm à tir rapide des Sdkfz-232 pouvaient percer nos T-70 à longue distance, tout comme les mitrailleuses à courte portée, et que tout pouvait traverser les blindages légers des T-60. Il ne nous restait que trois T-34 pour affronter les deux canons de 50 mm. Vu ainsi, la situation apparaissait bien plus critique. Toutefois, dans le chaos habituel des combats, nous pouvions espérer que les tirs ennemis ne seraient pas optimisés : c'est l'inverse qui serait surprenant. Pour amplifier cet effet, j’engageai d’abord l’infanterie, y compris les servants de mortiers hors d’usage, afin de distraire l’ennemi, depuis les environs des cotes 147-146 puis les T-70 sur les flancs sud-ouest et sud, les T-60 sur le sud-est, et, avec un léger décalage, les T-34 par le sud, afin d’apporter leur puissance de feu tout en profitant de leur blindage supérieur.
Le résultat fut le suivant :
- Notre infanterie réussit à approcher à 500-600 mètres des canons de 50 mm, donnant l'illusion de pouvoir progresser davantage, mais elle fut rapidement clouée au sol par des tirs nourris, notamment des Sdkfz-232 venant du nord-ouest. Les Universal Carrier, agissant de manière téméraire, avancèrent plus loin en tirant frénétiquement avec leurs fusils antichars. Il n'était pas certain qu'ils infligeaient le moindre dégât, mais leur action servit de diversion. Tous furent anéantis.
- Les T-70 étaient détruits les uns après les autres sans parvenir à viser efficacement,
- Les T-60, au sud-est, manquaient de puissance de feu pour éliminer rapidement les véhicules d’infanterie ennemis,
- Et les T-34, arrivés ensuite par le sud, furent submergés par la multitude de cibles qu'ils devaient tenter de distinguer dans l'obscurité, identifiées par les flashs de leurs tirs. Bien que je leur ordonnasse de concentrer leur feu sur les canons de 50 mm, cela ne fit que diluer leur efficacité, car ils ne repéraient ces canons qu’au moment où ceux-ci ouvraient le feu, transférant de manière obligatoire l’initiative à l'ennemi. L’un des T-34 fut rapidement endommagé.
Constatant que nous étions face à un mur et que, malgré notre supériorité numérique, nous n’arriverions pas à neutraliser les canons de 50 mm sans de lourdes pertes, j’ordonnai le repli général. Ce fut alors l'hécatombe habituelle : de nombreux blindés furent détruits lors de la retraite, mais ce fut l’infanterie qui paya le plus lourd tribut. Privée du soutien des blindés, elle subit une contre-attaque ennemie lancée depuis le nord-ouest et le centre. L’ennemi, constatant notre abandon, en profita sans hésiter. Parfois, nous feignons la retraite pour piéger l’adversaire, mais ce n'était pas le cas ici.
Un grand nombre de nos soldats furent capturés ou tués. Les plus rapides, ou les retardataires qui n'avaient pas participé à l'assaut, parvinrent à rejoindre nos lignes arrières protégées par le relief, où nos chars se regroupaient. L’ennemi nous repoussa hors du secteur qu'il contrôlait initialement, mais ne chercha pas sérieusement à nous achever. Il envoya néanmoins quelques éléments appuyés par des Sdkfz-232 entre le sud-ouest et le sud.
Inquiet, je fis établir en urgence une position défensive avec les T-60 en avant, appuyés par de l’infanterie à leurs côtés, pour soutenir la retraite des personnels qui réussissaient à passer la ligne de crête, poursuivis par l'ennemi. Derrière les T-60, les T-70 et T-34 offraient un soutien plus lourd. Cela suffit à dissuader l’ennemi : quelques tirs de T-60 contre l'infanterie dépassant la crête et quelques tirs de T-34 contre des Sdkfz-232 en reconnaissance leur fit faire demi-tour. Toutefois, je constatai que la plupart de nos tirs tombaient largement à côté, signe probable de la médiocrité de nos troupes sur ce secteur du front.
Finalement, l'ennemi proposa de négocier un cessez-le-feu en l'état du contrôle territorial, proposition que nous acceptâmes aussitôt, considérant que nous avions reçu la correction méritée – une correction même relativement clémente. Nous n'aurions jamais dû tenter cette attaque absurde : il aurait fallu attendre que l’ennemi vienne à nous.
Bilan des pertes : sur 360 personnels engagés, nous déplorons 95 tués, 20 blessés graves et 60 disparus / prisonniers, soit un total d'environ 175 pertes. Ainsi que 6 T-70 sur 10 détruits, les 3 Universal Carrier détruits, 1 T-60 endommagé sur 10 et un T-34 dont un membre d'équipage a été tué par des projections de blindage dus à un obus de 50 non pénétrant reçu en flanc de tourelle.
Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé 300 personnels, et nous pensons qu'il a subi 55 tués, 40 blessés graves et nous faisons 10 prisonniers, ainsi que 8 Sdkfz-232 détruits sur 14 et 3 endommagés (essentiellement atteints par les tirs de canons de 45 mm des T-70, 2 ont été touchés par les 76.2 mm des T-34), 2 véhicules d'infanterie chenillés détruits sur 4 (par des tirs de canon de 20 mm des T-60). Il y avait 3 canons antichars de 50 mm et non 2 comme nous le supposions.
Soit un total de 105 pertes pour l'ennemi et un ratio de 0.6 en notre défaveur (1.7 en faveur de l'ennemi). Notre pire résultat depuis très longtemps. Néanmoins, nous avons éliminé un bon nombre de véhicules ennemis, bien plus que ce que nous pensions au cours de la bataille.
Nous avons oublié que nous devions être détendus et que nous n'avions aucun impératif de résultats, en évitant de nous replier par principe, ce que nous a coûté cher.
Batailles lancées à 23h J+1 : réflexions à 2h, J+2

Du point de vue des objectifs, nous avons largement dépassé nos ambitions initiales et nous allons tenter de saisir l'objectif nord-est, qui semble peu défendu.
Quant à ma volonté d'encercler l'ennemi au centre, la mission s'avère beaucoup plus ambitieuse que prévu. L'ennemi y est extrêmement puissant : notre groupe ouest est trop faible pour attaquer par le flanc opposé, notre groupe est s'est brisé les dents malgré la prise d'un objectif, et le groupe sud n'est pas équipé pour mener une offensive.
Nous allons procéder aux rotations nécessaires afin de compenser les pertes massives subies ces dernières heures, et nous étudierons les options qui s'offrent à nous en tenant compte des nouvelles réalités.
Pour les prochaines batailles, les tacticiens recevront pour consigne de ne plus prendre de risques irraisonnables, comme cela a été le cas en ce milieu de nuit. Nous devons avant tout défendre les objectifs conquis et soigner nos attaques, en évitant les coups de force irréfléchis : lorsqu'un tacticien sera confronté à un choix entre une option raisonnable et une option qu’il sait risquée, il devra systématiquement privilégier l’option raisonnable.
3h, J+2 : étude stratégique approfondie et ordres
Comparaison historique

Les Soviétiques ont sécurisé les abords nord des objectifs centraux, ce que nous n'avons pas fait puisque nous espérions y encercler l'ennemi.
En revanche, nous avons de l'avance partout ailleurs, nous contrôlons toutes les rives du Don et tous les passages, et nous avons un peu d'avance à l'ouest malgré notre échec de progresser davantage.
Les Soviétiques reconnaissent que leurs équipages de chars sont novices et peinent à atteindre leurs cibles et se comportent parfois de manière aléatoire. C'est exactement ce que nous avons observé durant la dernière bataille, mais nous reconnaissons pour notre part que la faute revient principalement à une mauvaise tactique : une bonne tactique aurait compensé en partie le manque d'entraînement des équipages.
Etude stratégique approfondie et ordres
Après quelques reconnaissances, voici l'état du contrôle territorial :

L'idée de contourner davantage l'ennemi pour l'encercler au centre se dégage, mais nous n'en aurons pas le temps avant la fin de notre mission ici, et cela est trop ambitieux, car la densité de nos troupes diminuerait de trop sur un tel périmètre.
Nous effectuons nos rotations et compensons quasiment toutes les pertes, sauf pour une unité de blindés (2/158 TBde) que nous retirons vers les arrières. Nous avons encore de quoi subir des pertes, du moins dans la plupart de nos unités, là n'est pas le problème, mais celles-ci doivent être rentables.
Nous poussons vers l'objectif nord-est, lançons l'assaut de l'objectif sans attendre que l'ennemi ne s'y renforce même si nous ne sommes pas encore au plus fort de notre force ici.
Nous attaquons une fois de plus le bloc central, solide comme un roc, un peu plus au nord : les unités ennemies qui s'y trouvent ont subi des pertes et ce serait dommage de ne pas profiter de cela. Nous disposons d'une puissance de feu toujours aussi puissante, alors qu'il est possible que l'ennemi n'ait pas pu compenser ses pertes.
A l'ouest aussi, nous augmentons la pression, ajoutons une unité blindée supplémentaire, étendons le dispositif vers le nord, remplaçons les T-70 par des T-34, ajoutons de l'artillerie, et relançons l'assaut contre un ennemi qui pourrait ne pas avoir pu compenser ses pertes.
Ailleurs, nous restons sur la défensive.

La consigne donnée aux tacticiens est de ne pas s'engager dans des envies irraisonnables. En cas de doute, rester en défense et harceler l'ennemi. Les meilleures unités sont celles qui survivent, pas celles qu’on a sacrifiées à la roulette russe.
L'ennemi contre-attaque la cote 169.4, perturbant nos plans offensifs :

Cote 169.4 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : faire immédiatement se replier les blindés dans les ravins, au plus près des objectifs ; laisser venir au contact les éventuels blindés ennemis ; laisser quelques personnels pour observer l'ennemi sous le soutien d'obus éclairants ; prendre soin de la visibilité dans les ravins afin d'améliorer la défense de ceux-ci ; dans la plaine, attaquer avec l'infanterie et un soutien d'artillerie ; puis tenter de reprendre le centre s'il a été perdu.
Ne pas prendre d'initiatives irraisonnables, soigner le ratio de pertes.
3h, 15 °C.
Nous déployons près de 1 350 personnels, ce qui est considérable, cela inclut les membres d'équipage de 3 KV-1 (dont 1 endommagé, qui servira de bunker après avoir été tracté à une position défensive au nord-est), 32 T-34, quelques T-60, 6 canons antichars de 45 mm placés au centre et au sud, 6 canons polyvalents de 76.2 placés au nord-est et au centre.
Au sud, les blindés reçoivent l'ordre de se réfugier immédiatement dans les ravins à l'Est, au centre et au nord-est, ils s'y trouvent déjà et établissent des positions défensives avec soutien mutuel, de telle sorte qu'ils puissent être défendus par de l'infanterie et par d'autres chars ou canons.
Au sud et jusqu'au centre, l'infanterie est au contact ou se rapproche des positions ennemies. Au sud, chars et infanterie se croisent. Devrions-nous faire se replier aussi l'infanterie plutôt que de l'envoyer au contact avec un simple soutien antichar léger sous la forme des quelques canons ? Les gars sont déjà au contact, à 1.5 km des ravins. Il serait dommage de ne pas en profiter pour attaquer les arrières de l'ennemi, revenir à cet endroit plus tard demanderait de recommencer beaucoup d'efforts. Et puis, faire parcourir aux gars plus d'un kilomètre dans un sens, puis plus tard les faire revenir pour attaquer une nouvelle fois l'ennemi, les exténuerait. L'idée est plutôt de tenir nos positions, d'éventuellement se laisser déborder par les blindés, quitte à utiliser l'infanterie comme diversion pour un retour ultérieur de nos chars, ou quitte à faire se replier l'infanterie si besoin. Le sud devrait être plus calme, nous attendons à ce que l'ennemi mette plutôt une priorité sur l'objectif central.
Nous allons engager une attaque principale par le sud, dans la plaine, avec le soutien de l’artillerie, et des tirs d’obus éclairants. Le centre et le nord-est resteront en défensive, de l’infanterie maintenue en réserve sera prête à reprendre l’offensive au centre ou à lancer une attaque au nord si nécessaire.
Il est possible que se présente une opportunité de relancer le grand mouvement en faux depuis le sud — une manœuvre que nous n’avons pas pu achever précédemment. Celle-ci viserait à contourner le centre pour frapper les arrières, là où l’ennemi regroupe ses unités de soutien. Cette action pourrait être renforcée par une attaque simultanée depuis le centre et/ou le nord-est, prenant l’ennemi sur plusieurs flans depuis des axes opposés.
A cela se superpose une tactique complètement différente avec les blindés, qui agissent à la fois de concert avec l'infanterie, mais aussi de manière indépendante, priorisant leur survie avec des combats à courte portée dans les ravins ou près de leurs abords.
Dans un premier temps, il convient d'attendre l'adversaire qui semble contre-attaquer, puis en cas de succès nous tenterons de l'écraser entièrement.
Cote 169.4 : compte-rendu d'après-bataille
L'ennemi nous a complètement surpris en déclenchant une attaque massive, sans hésitation, avec plusieurs dizaines de chars, au sud-ouest, écrasant entièrement notre important groupe d'infanterie présent au sud. Nous avons dû y perdre dans les 200 à 300 hommes, nos 4 canons antichars de 45 mm n'ont pas pu opposer grand chose à une telle force blindée rarement rencontrée. Cela a été rapide, une partie des blindés ennemis a débordé notre infanterie, mais au lieu de se préoccuper de ce qui pourrait se trouver dans nos arrières, ils ont pris le temps de se concentrer exclusivement sur notre infanterie. Il n'y avait effectivement plus rien dans nos arrières, et heureusement, car rien n'aurait pu résister à ce nombre de véhicules.
Certes, notre plan de départ n'a pas aidé à la survie de notre infanterie, mais les choses auraient été difficiles même si nos fantassins avaient reçu l'ordre de repli vers les ravins quelques minutes plus tôt, car les chars adverses les auraient vite rattrapés et une bonne moitié de l'effectif en question aurait été bloqué dans tous les cas.
Le point positif est que nos propres chars ont pu s'échapper rapidement sans être attaqués.
Au nord, l'ennemi ne tenta rien, c'était parfaitement calme.
Au centre, l'ennemi nous harcelait un peu, mais sans plus.
L'ennemi prit le temps de massacrer toutes nos troupes au sud et nous assistions à cela de loin en ayant certes le moral extrêmement affecté, mais sans céder à une quelconque envie de tenter de nous y opposer, puisque cela aurait signifié l'extermination complète de nos chars et de nos troupes. J'ai rapidement annoncé, avant même que les gars soient éliminés, que nous avions perdu l'intégralité de nos troupes sud et qu'il fallait redéfinir nos plans avec les troupes centrales et nord-est. La défense ayant été définie en lignes successives, par exemple dans le cas des ravins, un rang en entrée de ravins et un autre rang à l'opposé des ravins, cela facilitait la tâche : il n'y avait rien à changer, il suffisait d'attendre l'ennemi.
Ce ne fut pas trop long, celui-ci attaqua par le centre avec quelques blindés qui s'étaient détachés du sud en se baladant sur le champ de bataille, sûrs d'eux. Nous avions une appréhension face à tant de sérénité, dans le contexte du massacre inéluctable en cours au sud. Mais ils furent détruits lorsqu'ils s'approchèrent du ravin ! Voilà qui montrait que l'ennemi n'était pas le seul à pouvoir montrer une efficacité. Malheureusement, notre satisfaction a été rapidement remise à sa place : il nous fallait détruire encore au moins dix fois ce nombre de blindés... D'ailleurs, un autre petit groupe de blindés tenta une approche un peu plus au nord, nous replongeant dans l'anxiété. Il fut partiellement détruit, le reste se retira.
Ensuite, il était devenu clair que l'ennemi avait parfaitement compris notre tactique, qu'il avait déjà longuement rencontrée plus tôt : l'attirer dans les ravins où son avantage (blindage et puissance de canon) et notre inconvénient (blindage moyen et canon de plus faible puissance) disparaissaient.
Nous avions 11 blindés qui s'étaient échappés vers les ravins au sud, mais ils y étaient bloqués, ne pouvant rejoindre le centre ou le nord sans risquer de s'exposer. Cela nous embêtait beaucoup car nous étions privés de près d'un tiers de notre force blindée, et compte tenu du nombre de chars qui s'annonçaient, nous nous sentirions moins faibles avec l'ensemble de nos véhicules. Nous avons bien tenté une sortie discrète, mais il y avait un passage à découvert et, le jour se levant, nous ne voulions prendre aucun risque. Nous avons donc décidé de nous passer de ces 11 T-34 et de faire avec ce qui était disponible. C'est-à-dire, affronter l'ennemi en infériorité numérique, à 20 contre 30 ou 40. Oui, j'estimai qu'il n'était pas raisonnable de prendre le risque d'exposer nos T-34, même à près d'un kilomètre, si nous en perdions pendant la manœuvre, ils ne nous seraient définitivement d'aucune aide, y compris au centre.
Lorsque le massacre de notre infanterie au sud fut à peu près achevé, l'ennemi fit revenir au centre une partie de ses blindés, et lança une puissante attaque sur le flanc sud de notre position centrale. Simultanément, il lança symétriquement une puissante attaque par le flanc nord de cette même position centrale, engageant des blindés que nous n'avions pas vus venir, sortant de derrière la route qui était en légère hauteur. La différence numérique était importante au centre et nous hésitâmes à faire attaquer les 11 blindés cachés au sud, car ils pouvaient prendre en charge la mâchoire sud du groupe blindé ennemi. Cependant, nous ne cédâmes pas : il y avait 700 mètres à parcourir à découvert, c'était bien trop. D'autant plus que d'autres blindés ennemis, appuyés par des canons, attendaient derrière la route, au sud de la cote 169.4 : ils pouvaient sans la moindre difficulté prendre de flanc le groupe exposé. L'ennemi attaquait avec très grande méthodologie, prenant le temps de s'appliquer, de sonder notre dispositif, de vérifier son plan, de l'ajuster, il grignotait à un endroit, à un autre, mais il perdait des plumes lui-aussi malgré la différence quantitative. Chacune de nos pertes n'était pas gratuite. Le soutien mutuel, que nous avions mis en place, révélait son utilité : pendant que l'ennemi cherchait à éliminer les quelques chars et l'infanterie située en entrée de ravin, il s'exposait aux tirs distants venus du côté opposé du ravin.
Lorsque la tentative ennemie a échoué, avec la perte de la plupart des blindés qu'il avait engagés, il tenta une nouvelle attaque massive un peu plus au sud, à l'Est de la cote 169.4, pour tenter d'éliminer un de nos flancs. C'était une bonne décision puisque là, nous n'avions que 2 canons de 76.2 et 3 chars à y opposer. Néanmoins, nos blindés sur le flanc nord, qui se trouvaient en entrée de ravin, avaient une vue directe là où l'ennemi tentait d'attaquer, et ils prirent à leur tour le rôle de soutien distant, atteignant les chars ennemis par des tirs de flanc. Malgré tout, il fallut encore grandement résister à l'envie d'engager nos 11 blindés situés plus au sud, ils se trouvaient alors à 300 mètres de distance. Je résistai car l'ennemi disposait toujours de chars et de canons à l'ouest de la route, qui n'attendaient que ça. Nous constations clairement que nous "emmerdions" l'ennemi, qui déployait des efforts considérables pour venir à bout de notre présence dans les ravins. L'ennemi tentait de nous faire sortir des ravins par tous les moyens, mais la consigne exigée au niveau stratégique était précisément de ne sortir en aucun cas les blindés de leurs ravins et de ne pas céder à des envies risquées. Le massacre de l'infanterie était déjà une faute lourde bien que plus involontaire, mais en ce qui concerne les blindés, la prise de risque volontaire irait en contradiction frontale avec les décisions stratégiques, en cas d'échec, tout le front était mis en péril, je ne pouvais donc pas céder, quitte à perdre le centre et à ne conserver que des îlots de terrain à certains endroits. L'ennemi pouvait longtemps espérer nous faire sortir ! C'était peine perdue. D'autant plus que nous avions là une tactique qui fonctionnait, alors nous n'étions aucunement incités à reproduire une bêtise.
Un char, parmi le groupe des 11, se plaça en défilement de tourelle tout en restant inaperçu, il put placer quelques tirs opportunistes à 300-700 mètres, ce qui apporta une aide plaisante.
L'ennemi engagea ensuite des chars légers, des PzII probablement, avec de l'infanterie, toujours pour tenter de prendre le flanc sud qui lui paraissait plus faible, ce qui était exact. Néanmoins, la même chose se produisit, et il dût se replier.
L'ennemi proposa de négocier : nous devions céder tout le territoire, nous replier intégralement dans les ravins. Je répondis à mes subalternes que ce n'était pas tant la fin des combats que je souhaitais, mais que l'ennemi continue ses attaques blindées, étant donné que nous ne pouvions sortir des ravins pour l'attaquer. Certains proposèrent d'envoyer notre groupe nord-est attaquer le nord-ouest, mais je refusai car nous ne savions pas ce qui s'y cachait et je ne souhaitais pas risquer de rompre l'équilibre en perdant des troupes, même un petit groupe d'éclaireurs, car quoi qu'il détecte, je ne comptais plus abandonner ma tactique purement défensive. Et puis, à quoi bon attaquer le nord-ouest : en cas d'échec ce serait catastrophique, en cas de réussite, nous ne serions plus suffisamment nombreux pour développer l'offensive en attaquant les arrières de l'ennemi au centre, et il y avait le risque que l'ennemi envoie ses blindés encore nombreux au sud écraser notre groupe.
J'ordonnai de reprendre le centre, et de négocier un cessez-le-feu dans l'état du contrôle territorial. Ce qui fut facile. Cependant, une position retranchée ennemie, avec des véhicules d'infanterie et des canons de type indéterminé, située au nord derrière la route, disposait d'une vue directe sur l'objectif central. Alors je fis attaquer cette position avec les 300 personnels situés au nord-est et une partie de ceux combattant au centre, avec un soutien d'artillerie. Mes subalternes furent contents. D'autant plus que cela donnait l'impression d'écraser l'ennemi, effaçant notre terrible bilan de nos mémoires. Mais lorsque nous atteignîmes la route, nous distinguâmes des batteries d'artillerie de 105 ou de 155 dans les profondeurs vers le nord et l'ouest. J'ordonnai de ne pas insister dès que les canons antichars proches seraient détruits et que nous commencerions à subir des pertes. A ce moment là, nous avons proposé à l'ennemi un cessez-le-feu, laissant entendre que c'était dans son intérêt d'accepter de cesser les combats en l'état de la situation. Ce qu'il accepta, mettant en suspend la boucherie.
Bilan des pertes : sur 1 350 personnels engagés, nous déplorons 285 tués, 150 blessés graves et 90 disparus/prisonniers, soit un total de 525 pertes. Un tel nombre est rare, provoqué par une énorme puissance de feu de blindés et d'artillerie ennemie contre notre infanterie entièrement exposée. Il nous faut absolument corriger cette catastrophe à l'avenir, les mauvais ratio de pertes se succèdent, c'est inadmissible.
Côté ennemi, nous estimons qu'il avait engagé 760 personnels, et qu'il a subi 170 tués, 40 blessés graves et nous faisons 120 prisonniers. Soit un total de 330 pertes et un ratio de 0.6 en ce qui nous concerne (1.6 en faveur de l'ennemi).
Nous avons tristement démontré dans cette bataille ce que j'avais écrit à 23h : "avec 1 400 hommes, je ne pense pas que l’issue aurait été fondamentalement différente : nous aurions simplement subi davantage de pertes."
Concernant les blindés :
- Les 3 KV-1 dont 1 endommagé ont été préservés,
- Sur les 32 T-34, 4 détruits et 2 endommagés, 26 préservés,
- Sur les 6 canons polyvalents de 76.2, 2 détruits et 1 endommagé, 2 préservés,
- Sur les 6 canons antichars de 45 mm, 4 détruits, 2 préservés,
- Les 6 T-60 n'ont pas été touchés.
Côté ennemi :
- 17 PzIII détruits et 2 endommagés, au moins 11 préservés,
- 3 PzIV détruits et 1 endommagé, aucun préservé,
- 5 PzII détruits, aucun préservé,
- Un certain nombre de canons AT et antipersonnel, leur éloignement rend difficile l'estimation des pertes réalisées par notre artillerie.
Le ratio de pertes en blindés est bien meilleur en ce qui nous concerne !
Le GQG, également informé de la complexité des combats et satisfait du nombre de blindés ennemis détruits, décerne des médailles et récompenses aux divers chefs d'unités et soldats qui se sont distingués.
Les trois dernières batailles ne sont pas satisfaisantes sur le plan tactique, elles manquent de soin et de rigueur. L'ennemi est méprisé, ses réactions sont sous-estimées, nos troupes sont "brûlées" dans des combats dont l'issue positive est fantasmée, la puissance de l'infanterie est exagérée, la puissance des chars est également parfois exagérée et il y a des incohérences (dans l'analyse tactique préalable de la bataille qui vient d'avoir lieu, comment les chars au sud, pouvaient-ils revenir ultérieurement de leur ravin situé à 1.5 km pour aider l'infanterie s'ils ne sont pas autorisés à engager des combats à plus de 300 mètres ? C'est incohérent dans l'analyse tactique préalable en elle-même !), il y a des "fuites en avant" et des "convenances personnelles" ou des "facilités", des mauvais choix sont pris en connaissance de cause, les consignes du niveau supérieur ordonnant des tactiques modérées ne sont pas appliquées. La casse est limitée, mais il convient de se ressaisir avec davantage de rigueur, de soin et de respect envers l'adversaire et nos propres matériels et personnels.
Cote 130.4 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : commencer par établir une ligne défensive pour les blindés dans les ravins qui servira de support en cas d'attaque ennemie et de point de départ pour l'offensive. Prendre si possible l'intégralité du territoire adverse en tentant de prendre le nord afin de couper en profondeur les lignes logistiques ennemies.
CESSER TOUT MEPRIS DE L'ADVERSAIRE !
4h, brouillard léger, 14 °C. Nous déployons 700 personnels, dont font partie nos équipages de 10 T-34, 6 canons AT de 45 mm, 2 canons polyvalents de 76.2 mm et 3 mortiers de 82 mm.
Nous nous efforçons de prendre en compte les remarques émanant du niveau supérieur en atténuant l’agressivité de notre tactique. À cette fin, une reconnaissance a permis de restreindre la zone où l’ennemi est susceptible de se trouver : au sud de la cote 130.4 jusqu’au creux du ravin, et au nord de cette même cote jusque dans les arrières ennemis.
Nous prévoyons de limiter l’exposition de nos troupes à un strict minimum, quelques détachements auront pour mission d’observer le territoire ennemi réduit, sans ouvrir le feu. Le secteur sera éclairé par des obus éclairants, dont les tirs seront coordonnés par nos nombreux observateurs d’artillerie, positionnés sur les hauteurs à l’est (cote 136.7) et au sud (cote 132). Les mortiers sont également déployés sur la hauteur sud, à l’est de la cote 132.
Le reste de notre infanterie, appuyé par des canons antichars de 45 mm et des canons polyvalents de 76,2 mm, est réparti au fond du ravin, entre les cotes 130.4 et 132 au sud, et entre les cotes 122 et 136.7 à l’est.
Nos blindés, quant à eux, sont camouflés au fond du ravin à l’est, vers la cote 90. Toute approche les rendant visibles depuis les lignes ennemies, probablement équipées de canons antichars, cela rend impossible leur déploiement plus en avant. Leur intervention se fera selon les besoins et les possibilités de mouvement discret dans le ravin, si nous pouvons nous assurer qu'aucun équipement antichar ne peut les atteindre.
L’artillerie sera engagée pour frapper les canons ennemis et les concentrations d’infanterie repérées. En cas d’attaque adverse, nous nous efforcerons de tenir nos positions. Lors de notre attaque, si l’ennemi s’avère trop puissant, nous n’insisterons pas ; et si notre défense ne permet pas d’assurer un rapport de pertes favorable, une retraite générale sera ordonnée.
Nous espérons appliquer ce plan et qu'il répondra aux attentes du niveau supérieur.
Cote 130.4 : compte-rendu d'après-bataille
L’ennemi ne tenait pas la cote 130.4 ; il approchait certaines unités afin de freiner notre progression. Nos tirs d’obus éclairants révélèrent la présence de quelques chars légers PzII au nord, dissimulés derrière la route, appuyés par un puissant canon antichar de 88 mm en arrière. Dans ces conditions, il était hors de question d’engager nos blindés pour tenter de neutraliser ces véhicules légers. Une batterie d’artillerie tenta de frapper le canon, mais la nuit et le léger brouillard empêchaient tout réglage précis des tirs : nous gaspillions inutilement nos obus.
J’ordonnai alors aux troupes situées au sud de se diriger vers l’objectif, profitant de l’absence apparente de défenseurs. L’ennemi engagea également son infanterie en direction de la cote 130.4, tout en effectuant un mouvement de faux par l'Est, visant à sécuriser le ravin entre les cotes 130.4 et 132, où une partie de nos unités était déployée. Lorsque nos fantassins ouvrirent le feu, il n’insista pas dans cette direction et se dirigea vers la cote 130.4, renforçant constamment son dispositif par des troupes venues du nord. Nos forces du sud progressaient elles aussi, de telle sorte qu'une bataille de rencontre éclata, au cours de laquelle notre supériorité numérique nous permit de prendre l’avantage de notre côté de la route diagonale.
Un nouveau tir d’obus éclairants révéla la présence non pas d’un, mais de plusieurs canons antichars de 88 mm au nord, ainsi que de nouveaux chars, camouflés, probablement des PzII – bien que leur identification restât incertaine. Je décidai alors de pousser vers l’ouest afin de nous emparer ensuite des buissons aux cotes 127, 121 et 123 au nord-ouest, dans le but d’améliorer nos positions futures. Il ne s’agissait pas de lancer une attaque contre les canons de 88, conformément au rappel à l'ordre émanant du niveau supérieur, limitant notre agressivité.
C’est alors que, depuis les buissons en cote 123, des pièces d’artillerie de campagne – probablement de 105 mm – ouvrirent le feu sur nos troupes progressant vers l’ouest, tandis que les chars légers ennemis ciblèrent nos unités proches de l’objectif. Une fois de plus, ils avaient attendu que nous soyons suffisamment engagés à découvert avant de dévoiler leur présence, rendant tout repli difficile vers la zone protégée au-delà de la crête. Toutefois, notre prudence — en limitant le nombre d’hommes exposés — permit un retrait partiel avec des pertes très contenues. La folle idée de forcer pour neutraliser les pièces de 105 me traversa l’esprit, mais elle n’était ni raisonnable, ni conforme aux instructions reçues.
L’ennemi lança alors une contre-attaque en renouvelant la tactique qu’il avait déjà employée plus tôt : utiliser ses blindés pour infliger un maximum de pertes à notre infanterie. Cependant, cette fois, nous avions anticipé cette manœuvre, nous réagîmes rapidement en déployant nos T-34 à couvert sur le versant sud de la colline, tout en faisant légèrement reculer notre infanterie afin d’inciter les PzII à s’exposer. Mais l’ennemi, ayant manifestement compris notre tactique depuis le début de l’engagement à Kalach, ne tomba pas dans le piège et s’abstint d’envoyer ses chars sur la crête. Nos T-34, de leur côté, évitèrent également de s’en approcher pour ne pas se retrouver visibles des redoutables 88 mm.
Un PzII s’approcha toutefois légèrement, ce qui permit à l’un de nos T-34, ainsi qu'à deux de nos canons antichars de 45 mm dont les servants s’étaient avancés par erreur, suivant le mouvement de nos troupes sud, de le détruire. Le char ennemi fut rapidement mis hors de combat. Soudainement, un de nos T-34, situé à l’est, fut inexplicablement abandonné par son équipage — un point qu’il faudra éclaircir lors de l’analyse post-bataille. Le T-34 qui avait détruit le PzII fut à son tour atteint, probablement en tourelle, par plusieurs obus d’une puissance remarquable. Un seul membre de l’équipage parvint à s’en sortir. L’analyse à venir devra confirmer l’hypothèse selon laquelle le char s’était trop rapproché de la crête et avait été repéré par un 88 mm.
Je donnai alors l’ordre aux huit T-34 survivants de se replier de 100 mètres par mesure de sécurité, sans qu'ils cherchent à réfléchir, même s’ils estimaient être à couvert. De son côté, l’ennemi fit reculer ses PzII restants. Peu après, il semblait qu’il regroupait ses blindés en vue d’une attaque contre le ravin Est. Grâce à nos observateurs d'artillerie bien placés sur les hauteurs, nous eûmes l'opportunité d'être renseignés sur la manœuvre et le temps de l'anticiper, alors nous eûmes le temps de renforcer ce flanc avec nos T-34, en leur ordonnant de rester strictement à couvert des 88 mm. Lorsque les PzII franchirent la crête, pensant soutenir tranquillement un assaut contre notre infanterie, ils furent tous détruits, à l’exception d’un seul, qui parvint à s’échapper.
Les combats perdirent alors en intensité. J’ordonnai à nos unités de s’étendre vers l’ouest pour améliorer nos positions futures. L’ennemi proposa un cessez-le-feu en échange de notre retrait de la cote 130.4. Je fis traîner les négociations, le temps que nos troupes prennent position 1,5 km plus à l’ouest, puis je fis préparer un assaut général — très limité en profondeur — pour appliquer une forte pression et donner l’illusion d’une offensive d’envergure, dans le but de peser sur les négociations et obtenir la cote 130.4 par la voie des négociations.
Une fois nos troupes ouest en position, l’ensemble de notre infanterie se lança, y compris sur l’objectif. Mais l’ennemi n’ouvrit pas le feu : il ne répondait pas à notre provocation. Je pensai alors que ses batteries de campagne étaient peut-être à court de munitions, et qu’il était possible de nettoyer ses positions. Les ordres furent donc donnés de poursuivre l’attaque générale vers le nord-ouest et jusqu’à la route au nord-est, en attente d’une réaction adverse. Mais c'était une fois de plus ici une tentation pour une agressivité excessive basée sur des suppositions fantaisistes, trompeuses, risquées et dangereuses, probablement acquises ces derniers mois au fur et à mesure de batailles successives trop faciles.
Le dernier PzII ouvrit finalement le feu sur nos éléments approchant de l’objectif. Il était également envisageable qu'au nord-ouest, l’ennemi attendît que nous nous engagions plus en profondeur pour déclencher un pilonnage massif.
Je repris alors les négociations en proposant un cessez-le-feu sur la base des positions tenues, c’est-à-dire avec la cote 130.4 sous notre contrôle. L’ennemi accepta, non sans arrière-pensées : cette cote, exposée aux tirs venus de ses arrières, ne peut être solidement tenue par nos troupes. Il savait pertinemment qu’elle resterait une zone grise, aisément récupérable lors d’une simple reconnaissance. De notre côté, nous misons surtout sur une progression vers le nord-ouest, dans l’objectif d’améliorer nos positions en vue d’une éventuelle reprise des combats dans ce secteur.
Bilan des pertes : sur les 700 personnels engagés, nous déplorons 35 tués et 45 blessés graves, soit un total d’environ 80 pertes. Nous perdons également un char T-34, touché par deux tirs de 88 mm à 1 145 mètres de distance : un obus perforant et un obus explosif (HE), tous deux ayant atteint le bas de caisse, du fait d'une trajectoire des projectiles en légère cloche. Ce type de coup était de toute manière fatal, quelle que soit la zone touchée. Le T-34 qui avait été abandonné par son équipage avait reçu un tir ami de 76,2 mm ayant touché son canon. Le char n’a subi aucun dégât, mais l’équipage, ne faisant plus confiance à l’arme principale, a préféré évacuer en attendant une inspection à l’atelier de campagne. Il est possible que ce char puisse être remis en service très rapidement.
Côté ennemi, nous estimons qu’environ 200 hommes furent engagés. Il aurait subi 20 tués, 20 blessés graves, et nous avons fait 35 prisonniers, soit environ 75 pertes, pour un ratio de pertes voisin de 1. Sur les cinq PzII identifiés, quatre ont été détruits et un endommagé. L’ennemi était effectivement à court de munitions HE pour ses pièces de 105 mm ainsi que pour ses canons de 88 mm. En dehors de son dernier PzII — qui aurait pu nous poser problème — et de quelques obus HEAT restants pour ses artilleries de campagne, plus rien ne s’opposait sérieusement à ce que nous l'écrasions entièrement avec l'infanterie !
Cela explique la facilité avec laquelle il accepta de négocier la cession de la cote 130.4 : en réalité, nous lui avions fait un cadeau.
Cote 165 : analyse tactique préalable

Ordres spécifiques : commencer par établir une ligne défensive pour les blindés dans les ravins qui servira de support en cas d'attaque ennemie et de point de départ pour l'offensive. Prendre si possible l'intégralité du territoire adverse.
REDUIRE ENCORE DAVANTAGE L'AGRESSIVITE !
4h, 14 °C, brouillard léger, la nuit touche à sa fin.
Nous disposons de 475 personnels, incluant les équipages et servants de 15 T-34, 9 T-60, 4 canons antichars de 45 mm, 3 mortiers de 82 mm, ainsi que 2 équipes d'observateurs d'artillerie rattachées à 4 pièces de 76,2 mm chacune.
Conformément aux consignes répétées visant à réduire l'agressivité et à renforcer la posture défensive, nous opérons un repli vers le flanc sud et sud-ouest du relief, afin de réduire les distances d'engagement. L’attaque ultérieure partira de ces positions. Une attaque coordonnée sur plusieurs axes aurait été préférable, mais elle aurait nécessité une agressivité accrue au nord-ouest, secteur exposé aux tirs longue portée des matériels allemands, contre lesquels nous ne disposons d’aucune réponse efficace.
Dans un premier temps, nous procéderons à un pilonnage d’artillerie sur la partie sud du dispositif adverse. Nos observateurs, privés de liaison radio avec leur batterie, dépêchent chacun une estafette pour transmettre les coordonnées de tir.
Les T-34 positionnés à l’ouest amorcent un repli rapide vers le sud-ouest, zone à l’abri des tirs longue distance. L’infanterie déployée à l'ouest suit le même mouvement.
Enfin, plusieurs groupes d’infanterie avancés au sud-ouest assurent l’observation du territoire ennemi situé sur la hauteur. Ils ont pour consigne stricte de ne pas ouvrir le feu, afin de préserver leur discrétion.
Cote 165 : compte-rendu d'après-bataille
Nous avons appliqué les consignes du commandement supérieur : abandon des positions avancées, repli sur une posture défensive, réduction significative de l’agressivité et adoption d’une conduite prudente, empreinte de méfiance.
Le groupe de T-34 situé à l’ouest a pu être évacué sans encombre, franchissant la crête avec succès. Le groupe d’infanterie ouest a également effectué son retrait. Pendant ce temps, notre artillerie pilonnait le sud du territoire adverse. L’ensemble de la manœuvre s’est déroulé comme prévu.
Le groupe d’infanterie ouest a ensuite rejoint la ligne défensive sud, tout comme le groupe de T-34.
Le groupe d’observateurs avancé au sud-ouest n’a signalé aucun mouvement ennemi. Une fois le tir d’artillerie achevé, j’ai ordonné à l’ensemble de l’infanterie, déployée du sud-ouest au sud-est, de progresser d’une centaine de mètres vers les lignes ennemies, en reconnaissance offensive, avec prudence. Aucune réaction ennemie n’a été observée. J’ai donc ordonné une seconde progression du même ordre.
C’est alors que, dans la brume, un mouvement fut détecté : un mortier autopropulsé ennemi se redéployait, circulant d’est en ouest au nord de la route. Notre groupe sud, équipé de fusils antichars, ouvrit le feu et détruisit rapidement le véhicule, qui prit feu. L’infanterie embarquée sauta du véhicule, et un échange de tirs s’engagea. Des tirs de mortiers furent repérés en provenance de l’est. L’intensité des combats fut élevée, nos troupes subirent des pertes, mais la situation demeurait supportable. Cependant, une progression uniquement avec l’infanterie n’était plus envisageable. Il devenait impératif de disposer d’un soutien blindé.
Aucun équipement antichar ennemi n’avait encore été détecté. Je pris la décision d’engager les T-60, jugés les plus adaptés à un rôle antipersonnel. De plus, ils serviraient à sonder les capacités antichars de l’ennemi. Leur perte serait acceptable au regard de leur faible valeur, et l’expérience fournirait des renseignements précieux.
Quatre T-60 furent d’abord déployés en ligne, au contact de notre infanterie, sans avancer jusqu’aux éléments de pointe, afin de leur permettre de s’adapter à la situation sans se rapprocher trop près de l'infanterie adverse. Ce fut un succès : ils commencèrent à ouvrir le feu sur les concentrations ennemies au nord de la route. J’ordonnai alors à la moitié des T-34 de se rapprocher, tout en restant en retrait, protégés par le relief, prêts à intervenir. Les cinq autres T-60 furent envoyés au centre, en appui du groupe de fusils antichars. D’autres véhicules d'infanterie ennemis furent repérés et engagés par les T-60. L’échange de tirs se prolongea plus de trente minutes. Notre puissance de feu restait modeste.
Lorsque l’infanterie ennemie au centre sembla affaiblie, j’ordonnai une progression supplémentaire de 100 mètres, avec les T-60 accompagnant les éléments avancés. N’ayant toujours détecté aucune capacité antichar adverse, j’engageai trois T-34 afin d'aider les T-60 à éliminer les quelques véhicules ennemis, avec pour instruction de rester à distance, sans intervenir contre l’infanterie. Cette manœuvre fut efficace.
Une progression à l’est fut également entreprise, mais nous y repérâmes rapidement des véhicules d’infanterie, notamment un mortier autopropulsé. Nos fantassins subirent quelques pertes. Je fis immédiatement stopper la progression.
Trois autres T-34 furent engagés à distance pour soutenir le groupe est. L’ennemi perdit plusieurs véhicules d’infanterie. Il tenta alors de proposer un cessez-le-feu sur la base de la ligne de front initiale. Nous refusâmes de répondre.
Au centre, l’infanterie ennemie montrait des signes de faiblesse. J’ordonnai alors un assaut général, toujours soutenu par les T-60, dont les tirs harcelaient l’ennemi depuis plus de trois quarts d’heure. Après une ultime résistance, les positions ennemies furent nettoyées, l’ennemi éliminé ou capturé.
La progression reprit à l’est, avec quatre T-60 en appui de notre petit groupe d’infanterie. Des véhicules ennemis encore actifs ouvrirent le feu. Je fis rejoindre ce groupe par deux T-34, un nombre réduit afin de limiter les risques d’embuscade de canons antichars.
Une fois les positions ennemies au sud du dispositif ennemi capturées, nous reprîmes l’offensive vers le nord, d’abord au centre, avec des bonds successifs de 100 à 150 mètres, puis à l’est. Nous fûmes alors pris sous le feu de mitrailleuses lourdes, positionnées au nord à 300–350 mètres. Je fis une nouvelle fois avancer quatre T-60 pour engager le combat. Le blindage léger des T-60 les rendait vulnérables, toutefois ils ne subirent aucun dégât important. Parmi l'infanterie toutefois, des pertes furent enregistrées.
J’engageai deux T-34 supplémentaires, en veillant à ne pas exposer les autres. Si des canons antichars étaient présents, ils auraient déjà pu tirer sur nos T-60. Au pire, nos pertes auraient été très réduites et nous aurions toujours pu envisager une négociation sur la base du cessez-le-feu proposé, pour tenter de limiter la casse.
Les T-34 engagés éliminèrent plusieurs positions de mitrailleuses, et l’ennemi battit en retraite. Aucun de nos véhicules ne fut détruit, performance inespérée. L’ennemi, déjà considérablement affaibli lors du premier affrontement dans ce secteur, ne pouvait plus contenir notre offensive.
Bilan des pertes : sur 472 personnels engagés, nous déplorons 25 tués et 75 blessés graves, soit un total d’environ 100 pertes.
Du côté adverse, nous estimons que l’ennemi avait engagé un peu moins de 250 personnels. Il aurait subi 65 tués. Nous prenons en charge une poignée négligeable de blessés graves, les conditions des combats — durée prolongée et forte intensité des tirs de chars et d’artillerie en appui à l’infanterie — laissant peu de chances de survie aux blessés graves. Nous faisons 115 prisonniers, soit un total estimé de 185 pertes, pour un rapport de pertes d’environ 1,8 en notre faveur.
L’ennemi perd en outre six véhicules d’infanterie. Il ne disposait d’aucun équipement antichar, ce qui fut la cause directe de sa défaite : conformément aux ordres reçus, nous n’aurions pas insisté dans notre attaque s’il en avait possédé ne serait-ce qu’un seul.